Quand le rire, la moquerie cachent une larme


Quand le rire cache une larme : sagesse et neurosciences face à la moquerie | NP Enseignement
De nos jours, la moquerie et la dérision s’invitent dans les conversations comme des ornements d’esprit. Mais derrière ces piques se cache une autre réalité. Les traditions spirituelles, philosophiques et médicales de l’Orient comme de l’Occident nous avertissent : ce qui semble léger peut être profondément destructeur. Ce que l’on prend pour de l’humour est parfois une fissure dans l’éthique, une atteinte à la relation, une rupture de la voie intérieure.
1. Moquerie et sagesses bibliques : l’écho de la ruine
Dans la Bible hébraïque, le moqueur – lêts (לֵץ) – est souvent opposé au sage. Il est arrogant, incapable de recevoir la correction ou d’évoluer.
« Il se moque des moqueurs, mais il fait grâce aux humbles. » (Proverbes 3:34)
« Le moqueur est le nom de l’arrogant et de l’orgueilleux ; il agit avec la fureur de l’arrogance. » (Proverbes 21:24)
« Heureux l’homme […] qui ne s’assied pas en compagnie des moqueurs. » (Psaume 1:1)
Dans le Talmud également :
« La moquerie (lëtzanut) et la légèreté mènent l’homme à l’immoralité ; l’étude de la Torah est une forteresse contre cela. » (Pirkei Avot 3:13)
Ici, elle est perçue comme un poison pour l’âme et un obstacle à la sagesse.
2. Le regard du Christ : moqué mais silencieux
Jésus lui-même est moqué sur la croix (Luc 23:35), mais il ne répond pas. Son silence devient un enseignement.
« Qu’aucune parole mauvaise ne sorte de votre bouche… » (Éphésiens 4:29)
La moquerie y est liée à l’orgueil et à la dureté de cœur, incompatible avec l’amour du prochain.
3. L’Islam : une barrière morale contre la moquerie
Dans le Coran, la moquerie est clairement condamnée :
« Que des gens ne se moquent pas d’autres gens… » (Sourate Al-Hujurat 49:11)
Le ghibah (médisance) et la sukhriyah (moquerie) offensent l’honneur, détruisent les liens sociaux et nourrissent la haine.
4. Taoïsme : la moquerie, déséquilibre du Tao
Dans le Dao De Jing :
« Celui qui marche sur la pointe des pieds vacille… » (chap. 24)
« Ceux qui se vantent ou se moquent des autres ne dureront pas. »
Zhuangzi moque parfois les illusions humaines, mais avec douceur. À l’inverse, la moquerie orgueilleuse est perçue comme une rupture avec le flux du Tao.
5. Bouddhisme : parole juste, cœur paisible
Dans le Noble Sentier Octuple, la parole juste (sammā-vācā) exclut toute forme de moquerie.
Dhammapada v. 133 : « Ne prononce pas de paroles dures… »
Shantideva (Bodhicaryāvatāra) : condamne le rire méprisant, contraire à la compassion.
La moquerie est une perturbation mentale (klesha) qui renforce l’ego et nuit à l’éveil.
6. Confucianisme : l’harmonie rompue
Dans les Entretiens de Confucius et le Livre des Rites :
Se moquer viole la bienséance (li) et la bienveillance (ren). Cela compromet l’harmonie sociale et le statut du junzi (homme noble).
7. Médecine traditionnelle chinoise : impact sur le corps et l’esprit
Selon la MTC, la moquerie — subie ou produite — engendre des déséquilibres internes :
Foie : excès de Yang lié à l’orgueil, stagnation du Qi, tensions musculaires.
Cœur : perturbation de la parole juste, troubles du Shen (esprit).
Méridiens luo : rupture émotionnelle, isolement, perte de paix intérieure.
À l’inverse, l’humilité renforce les Reins, équilibre le Foie et clarifie le Shen.
8. Neurosciences et parole blessante
Les études récentes montrent que :
Les paroles moqueuses activent les mêmes zones cérébrales que la douleur physique.
Elles entraînent du stress (libération de cortisol), de l’inhibition, des tensions.
Chez celui qui moque souvent : baisse de l’empathie, renforcement de circuits hostiles.
Conclusion : Et si le vrai rire guérissait ?
Moquer, c’est croire dominer. Mais toutes les sagesses millénaires, comme les neurosciences, nous rappellent : l’humiliation détruit.
La moquerie révèle un ego instable, une rupture du lien vivant, une porte ouverte au harcèlement.
Et si, au lieu de railler, nous apprenions à rire avec — jamais contre ?
« Le ruisseau ne raille pas la pierre. Il la contourne, patiemment. »
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