Les 5 erreurs à éviter en acupuncture selon le Suwen


Et si on en parlait encore ? Les 5 erreurs à éviter en acupuncture selon le Suwen
Le Suwen (« Questions Simples ») est l’un des deux traités du Huangdi Neijing, texte fondateur de la médecine traditionnelle chinoise, daté du IIIième siècles av. J.C.. Ce recueil de dialogues entre l’Empereur Jaune (Huangdi) et ses médecins expose les bases du diagnostic énergétique, des méridiens et du traitement par acupuncture et moxibustion.
Nombreuses versions anciennes existent, dont le Huangdi Neijing Taisu, qui une référence précieuse.
Contexte historique du Suwen
Le Suwen est l’un des textes majeurs de la médecine traditionnelle chinoise, connu aussi sous le nom de « Questions Simples ».
Il compose, avec le Lingshu, l’ensemble du Huangdi Neijing – ou Classique de l’Empereur Jaune –, fondement des thérapies manuelles chinoises comme l’acupuncture, le tuina, la moxibustion, ou la phytothérapie.
Transmis depuis plus de deux millénaires, ce classique existe en plusieurs versions historiques, dont le précieux Huangdi Neijing Taisu (太素), une version datant du VIIe siècle J.-C., qui préserve certains enseignements perdus dans d’autres éditions.
Le chapitre 77, encore actuel, y expose cinq erreurs cliniques majeures que tout praticien doit éviter pour protéger le Qi, le Shen et l’Essence vitale (Jing) de ses patients.
Texte traduit
Traduction fidèle, adaptée à un langage accessible au format blog, sans en altérer le sens traditionnel.
黄帝曰:“呜呼远哉!……圣人之术,为万民式…
L’Empereur Jaune dit :
Hélas, que de difficulté !… L’art du sage est de proposer des modèles au peuple…
S’adosser à la médecine, c’est venir en aide au peuple.
Dans cet art, il y a 5 défauts et 4 vertus. Les connais-tu ?
Lei Gong répondit :
Je suis jeune et inexpérimenté. Je n’ai jamais entendu parler de ces cinq défauts et des quatre vertus…
L’Empereur dit :
Avant d’examiner, il faut se renseigner si le patient n’a pas vécu une difficulté sociale
(NDLR : chômage, licenciement, longue maladie, …)
Car avant toute agression d’énergie externe, il peut souffrir de “Tuo Ying”,
perte d’essence (malnutrition, par manque d’apports)…
Alors les souffles entre les viscères diminuent et provoquent une maladie.
À l’examen clinique, on ne trouve pas de signes organiques, le diagnostic est difficile.
L’amaigrissement continue quotidiennement. Le Qi, les souffles sont vides,
il y a des frissons et des terreurs convulsives.
La maladie dans l’interne ne nourrit plus la surface (Wei Qi, souffles défensifs),
et abandonne l’interne (Rong Qi, souffles nourriciers).
C’est une erreur du médecin d’ignorer cet état.
C’est le premier défaut.
Le diagnostiqueur doit se renseigner sur :
Son alimentation
Sa vie quotidienne
Ses bonheurs, ses douleurs excessives
Ses colères, ses joies
Son Qi bloqué, son Shen instable…
Un médecin ignorant tonifie ou disperse indifféremment…
L’épuisement s’installe progressivement.
C’est le second défaut.
Un bon praticien doit bien reconnaître les pouls (pathologiques)…
S’il les ignore, son diagnostic perd de sa valeur.
C’est le troisième défaut.
Quand on fait l’examen habituel des Jing (essences), Qi (souffles) et Shen (esprit),
il faut s’informer si le statut social a subi une perte de dignité (ou de noblesse)…
Une perte de rang peut entraîner – sans agressions externes – des chutes du moral,
affaiblissant l’organisme, asséchant la peau, rétractant les muscles,
causant des pertes de motricité, avec des contractures des membres inférieurs.
Si le thérapeute n’a pas assez de conviction pour redresser l’esprit du patient,
la pathologie s’installe et la médecine devient impuissante.
C’est le quatrième défaut.
Dans l’examen clinique, il faut reconnaître :
Le début de la pathologie
Les circonstances
Les pouls, les émotions, les viscères
Le Qi, le sang, les vaisseaux, les muscles…
Par précipitation, le thérapeute poncture le Yin et le Yang,
et si son corps se relâche, ses membres se contracteront
et le patient s’aggravera rapidement…
C’est du mauvais travail. C’est le cinquième défaut.
Conclusion – Un art des thérapies manuelles chinoises, vivant, précis, et individualisé
À la lumière du chapitre 77 du Suwen, l’Empereur Jaune nous rappelle une vérité essentielle : L’erreur thérapeutique naît toujours d’une compréhension incomplète du vivant.
Ces cinq fautes ne sont pas de simples maladresses techniques.
Elles reflètent des égarements profonds, lorsque le thérapeute s’éloigne des lois du Ciel, de la Terre, du temps, et de la personne humaine dans sa totalité.
Pour les praticiens en acupuncture et thérapies manuelles chinoises :
Les acupuncteurs, praticiens en tuina, en moxibustion ou en phytothérapie doivent dépasser une approche mécanique du soin.
Le vrai diagnostic repose non seulement sur les pouls ou les symptômes visibles,
mais aussi sur :
l’histoire de vie du patient,
son état émotionnel,
son contexte social et énergétique.
Ce texte ancien propose déjà les bases d’une approche holistique et individualisée.
Le thérapeute doit savoir :
Ajuster ses méthodes (Manipulation, moxa, massage, plantes) selon la saison, l’âge et le tempérament du patient,
Comprendre l’origine profonde du déséquilibre, même invisible au diagnostic classique,
Éviter les traitements “standards” : choisir le bon moment, détecter la nature du vide ou de la plénitude, respecter le terrain du patient.
Le savoir traditionnel chinois exige discernement, humilité et adaptabilité.
Chaque patient est un monde.
Et les erreurs naissent autant de l’excès d’assurance que de l’ignorance.
Ce chapitre est une invitation pour les praticiens modernes à réconcilier :
Science, écoute et sagesse,
afin de proposer des soins respectueux des rythmes, des émotions et des parcours de chacun.
Pour en savoir plus sur nos prochaines sessions de formation afin d’en apprendre plus sur ces percepts fondamentaux : Calendrier
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